jeudi 14 avril 2016

jour 2


samedi 27 février 2016


  Breakfast à 7 h donc. Oeufs brouillés et bacon. Trop d'huile et de sel à mon goût. Par la suite, j’aurai de plus en plus de mal à l'avaler. Il faut reconnaître que c'est plus nourrissant que les corn-flakes et moins sucré. Dehors, les opérations  de manutention se poursuivent par un temps maussade et frais pour un départ prévu en début d'après-midi. Une rotation s'effectue en deux minutes environ alors, la précision a beau être étonnante, les chocs sont permanents, que ce soit pour accrocher les conteneurs, les glisser dans les guides ou les verrouiller en position. Comme chaque conteneur  pèse 4 tonnes à vide augmentées du poids de la charge marchande, on comprend que le niveau sonore soit très élevé lorsque 4 ou 5 portiques s'affairent simultanément.
 Je suis invité à une visite des lieux mis à ma disposition : gymnase avec appareils de musculation, piscine (vide), sauna, salle de détente-bibliothèque et surtout la passerelle avec la vue extraordinaire depuis ses 60 m au-dessus de la mer (soit plus de 20 étages !). La pluie s'installe vers midi, effaçant l'horizon et les portiques s'arrêtent. Elle cesse assez rapidement et la visibilité revient mais pas les dockers. Encore une grève ? Mais non.... le vent tout simplement, trop fort pour assurer la sécurité et la précision requises lors des déplacements des conteneurs au bout de leurs élingues.
  Le travail reprend vers 13 h et avec lui mes observations depuis la passerelle. Je ne suis pas un contemplatif et pourtant ce ballet rapide et répétitif semble me fasciner. Je ressens vraiment l'impression d'être dans un autre monde ; tout est nouveau pour moi et je n'ai qu'à me laisser vivre. C'est grisant.
  Passage à la salle de détente (salon très confortable avec fauteuils, télévision et lecteur, thé, gâteaux) pour inventorier la bibliothèque. Deux livres en français (les 1001 nuits et l'Odyssée) une cinquantaine d'autres en diverses langues dont le russe et bien sûr l'anglais. Je prends un livre de Somerset Maugham : "of human bondage". Ça me rappellera le collège et mes débuts en anglais. A ce propos je commence à mieux comprendre mes interlocuteurs. Ils sont 28 à bord. Le capitaine, âgé de 41 ans est du Monténégro, il y a 6 croates, 1 ukrainien, des roumains, 1 serbe, des philippins et deux chinois. Je ne peux m'empêcher de penser à leurs pays d'origine dont les habitants ont passé leur temps à se battre bien souvent alors qu'ici règne l'entente et la bonne humeur. Question de dirigeants ?
  20 h ; la pluie a cessé. Partirons-nous ce soir ou cette nuit ? Ce que j'apprendrai par la suite, c'est le flou qui entoure les dates de chargement ou de déchargement ainsi que la durée des opérations. Même les officiers supérieurs "naviguent" dans l'incertitude. Je suis un peu dépité d'autant que j'ai trouvé la porte de la passerelle fermée, alors je contemple du haut de ma cabine les stries lumineuses sur les conteneurs à quai et les flaques de lumière sur l'esplanade vide, loin derrière le bateau.
  Finalement, le bateau quitte le quai à 22 h 20. 



 

 

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