jeudi 14 avril 2016

jour 3

 

dimanche 28 février 2016

  La nuit a été parfaite grâce aux boules Quiès. A 6 h 30, la mer est calme et le ciel est couvert. Il se dégage et devient bleu, lumineux. Devant moi l'horizon est... comment dire... horizontal ! De plus, il est parfaitement rectiligne et situé loin, loin tout là-bas. Ça n'arrive jamais dans mon paysage montagnard. Il coupe le monde en deux : clair au-dessus et sombre au-dessous ou inversement selon l'absence ou la présence des nuages.
  A 9 h, après m'être équipé convenablement (combinaison bleue, chaussures de sécurité, gilet réfléchissant et casque), j'effectue ma première sortie sur le pont principal avec le jeune officier ukrainien qui est à bord depuis trois mois. Il faut ensuite 5 mn de marche dans un passage étroit tout le long du bastingage pour rejoindre l'avant et les treuils d'amarrage et de mouillage. Leur taille est énorme avec des maillons de chaîne réalisés dans du fer de 15 cm de diamètre ! Les chaumards guidant les cordages sont munis de trois rouleaux portant les inscriptions 80 ou 100 tonnes. Ça donne une idée des efforts subis sur un bateau pouvant peser près de 130 000 T soit trois fois le porte-avions Charles de Gaulle en charge. Puis retour à l'arrière où la zone des treuils est totalement recouverte de conteneurs. On a l'impression d'être dans un très grand atelier. Ce parcours extérieur est le seul que je pourrai suivre en demandant préalablement l'autorisation à la passerelle et en avertissant de mon retour. Pas question de laisser le "touriste" divaguer sur le pont où entre les conteneurs pour faire ses photos. Derrière le navire, le sillage me parait court, inférieur à celui des ferrys que j'ai déjà pris, sans doute en raison d'une vitesse plutôt faible d'environ 12/14 kn. 
   De retour dans le château, je monte à la passerelle. Sur les écrans qui combinent cartographie, image radar et données diverses, je vois le tanker aperçut aux jumelles (il y en a 6 paires que je peux utiliser). Grâce au système d'identification AIS, je connais son cap, sa longueur et sa vitesse. Bien sûr, le système de navigation trace aussi sur les écrans la route et le cap suivis et la dérive de notre bateau ainsi que les trajectoires des navires rencontrés avec de grandes traces colorées pour les conflits de route potentiels. Le tout est couplé à un double système GPS. La précision est très grande et impressionnante à quai avec tout l'environnement des autres navires parfaitement repérés. Nous marchons à 12 nœuds  au cap 155 qui doit nous conduire entre la Sardaigne et la Tunisie. Très peu de navires croisés ce qui me surprend car je voyais plutôt ça comme une autoroute, mais la mer est si grande...
  En début d'après-midi, le ciel devenu gris et chargé de cumulus s'assombrit sur tribord où un gros nuage bien sombre se prolonge jusqu'à la mer ; il pleut la-bas. L'eau est devenue grise à son tour et la pluie s'invite vers 15 h. C'est beau. Dehors, il fait 15 °C. Un officier m'annonce qu'on rejoindra Dubaï le 21 mars au lieu du 18 prévu (toujours ce flou). Mon avion décollera dans la nuit du 22 au 23. Je vais devoir le décaler ainsi que mes nuits d'hôtel réservées. Puis on parle de son travail qu'il exerce depuis 7 ans, de ses responsabilités et de sa disponibilité permanente. Son métier est intéressant, il le reconnait, mais il s’exerce loin de chez soi pendant plusieurs mois d'affilée et il est moins bien payé que les dockers des ports européens. Il est un peu amer. 
  Après avoir souper d'une bonne dorade grillée je remonte en passerelle pour une heure, de la nuit tombante à la nuit noire. C'est proprement féérique. La passerelle est séparée en deux dans  son travers par des rideaux permettant d'éclairer en arrière la zone carte et radios et de maintenir dans le noir la partie frontale, à peine éclairée par la luminosité réglable des écrans. Ainsi, les yeux s'habituent à l'obscurité et la veille est plus efficace. A 25 km devant nous, à peine visible aux jumelles mais très bien au radar, un bateau arrive et croisera notre route dans une demie-heure.  Sur la table à carte est étalée une carte recouvrant l'ensemble du parcours représentant environ 4 900 miles.



 

















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