jeudi 19 mai 2016

jour 8

 

vendredi 4 mars 2016 

  Le ciel s'est bien dégagé et le vent a faibli à 20 kn vers 11 h, toujours de l'arrière. On fait route au 110 à 14 kn. Avec son inertie, la mer continue d'être agitée et pleine d'écume et je constate qu'il serait dans ces conditions quasiment impossible de repérer un voilier à coque blanche qui serait en détresse, sans parler d'une position à contre-jour, redoutable en mer. De même, un cargo qui coupe notre route pas très loin devant nous demeure invisible, sauf au radar, sa masse se fondant dans la bande brumeuse grisâtre qui marque l'horizon.
  A 13 h, la pendule passe à 14 h car nous progressons vers l'est. L'adaptation au changement horaire est à la mesure du déplacement du bateau : insensible ; et c'est bien agréable. Puis nous passons au large (plus de 100 km) de la Libye et poursuivons notre route vers l’Égypte.
  Après dîner, depuis la passerelle d'où je regarde la nuit arriver, j'aperçois deux cargos à 14 miles sur bâbord, de plus en plus visibles paradoxalement à mesure que le noir se fait en raison de leurs feux de plus en plus lumineux par contraste. Un grain nous rattrape, trahi par une tache grise bien circonscrite entre une masse noire informe dans le ciel et la surface de la mer. La pluie arrive une heure plus tard. Et je repense à cette expression qui veut que la mer change tout le temps. Pour l'avoir observée longuement depuis mon départ de Fos, j'aurai tendance à penser que c'est le ciel qui change tout le temps. La mer agit comme un miroir reflétant l'humeur mouvante de l'atmosphère tout en soulignant la présence ou l'absence du soleil. Quand elle se secoue, s'hérissant de vague en vague, c'est encore à l'atmosphère, chargée de vent, qu'elle le doit. Mais bien sûr, pour un marin la mer est changeante alors que pour un pilote c'est l'atmosphère qui varie.








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