lundi 23 mai 2016

jour 13

 

mercredi 9 mars 2016

 Ce matin, des cirrus haut dans le ciel toisent un horizon totalement noyé dans un voile gris que le soleil s'efforce de percer. La mer est très calme et il fait déjà 23°C à l'ombre. Nous sommes à une centaine de kilomètres des côtes en route pour Port-Saïd et de jolis oiseaux embarqués clandestinement sautillent sur les conteneurs situés sous mes fenêtres. Aucun bateau en vue. Je regarde avec curiosité la propagation des rides sur l'eau. Par l'effet combiné des déplacements des vagues et du bateau, les vagues générées par l'étrave semblent courir sur un relief liquide figé. J'observerai souvent ce phénomène d'une grande complexité réelle et si difficile à suivre des yeux. 
  En regardant la liste de l'équipage, j'ai vu qu'il y avait un freezer-man à bord, c'est-à-dire un frigoriste chargé de surveiller le bon fonctionnement des conteneurs frigorifiques, de contrôler les températures, de les raccorder, de s'occuper des condensats...Un poste assez important. Je monte sur la passerelle vers 16 h alors que nous abordons le couloir d'accès nord-est au canal de Suez à une vitesse de 16 kn. Le canal se franchit en convoi et nous devrons attendre sa constitution dans l'une des trois zones de mouillage situées en amont. C'est à 5/6 kn que nous louvoyons donc entre les nombreux cargos au mouillage, principalement des porte-conteneurs, des pétroliers et des gaziers. Ces manœuvres sont impressionnantes en raison de tous  ces navires mais aussi à cause de l'inertie énorme du MUSCA qui tarde à répondre aux ordres de barre à cette petite vitesse. L'anticipation, toujours l'anticipation... Puis le bateau s'arrête, l'ancre est mouillée avec 150 m de chaîne, il cule et s'immobilise enfin. La passerelle n'est pas abandonnée pour autant car il faut pouvoir réagir vite si l'ancre venait à déraper.
  Le départ pour le canal est attendu en cours de nuit et je demande à être averti, qu'elle que soit l'heure, pour ne rien rater de cet événement. Promis, on me réveillera. En fin d'après-midi, la visibilité se réduit avec le développement d'une brume noyant le ciel et la mer dans une même tonalité de gris clair, parfois aveuglante de luminosité. Au sein du mouillage, j'aperçois un remorqueur en attente, prêt à intervenir en cas de problème.
  Je suis fébrile à l'idée de passer par un des endroits les plus connus de la planète et en attendant de trouver le sommeil, il me prend l'envie de construire des maquettes de bateau. A creuser à mon retour pour meubler les journées hivernales.









Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire