mercredi 25 mai 2016


jour 15

 

vendredi 11 mars 2016

  Journée de transition pour cette fin de deuxième semaine à bord. Je m'y sens comme chez moi maintenant ; mieux, je m'y sens chez moi avec un attachement particulier au coin lit, lieu privilégié de mes rêveries éveillées.
  Le Musca trace sa route à 14 kn dans la mer Rouge, enfin... grise car le ciel est totalement voilé. Il fait déjà 23°C en début de matinée. A l'extérieur de la passerelle, un marin nettoie sous pression les sols et les parois, couverts d'une grosse suie. Cette opération est quasi quotidienne dès que le vent faiblit ou que le bateau avance à vitesse réduite comme hier sur le canal. Dans ces cas, l'épais panache noir sortant de l'énorme cheminée ne se disperse plus hors du navire en créant souvent ces traînées brunâtres qui accompagnent les cargos sur des kilomètres, il se rabat sur le bateau et l'enrobe d'un mouchetis noir d'un effet discutable. Devant ça, on prend forcément conscience du caractère très polluant du fioul lourd et des conséquences qui en résultent pour la population des ports, comme à Beyrouth il y a quelques jours.
  Pour rester raccord, je lave mon linge également, dans la laverie équipée d'une machine très performante et silencieuse. Puis, à 13 h, la pendule se précipite pour atteindre 14 h. Magie des faisceaux horaires, magie des heures légales, cette fois c'est en faisant route au sud qu'on change d'heure !
  Ce soir, j'ai regardé la Lune aux jumelles. Oh ! pas un grand morceau. C'est le tout début du premier quartier, avec un fin croissant tourné vers l'horizon, du côté où le soleil vient de se coucher. Et là... une vision fantastique qui me surprend totalement et que je mets un moment à comprendre. 
  Tout d'abord, le disque m'apparait complet. Pas seulement le croissant lumineux que je voyais à l’œil nu, tout en bas, mais également toute la face, grise, mais où je distingue de nombreuses taches. C'est la Terre qui renvoie de la lumière solaire vers la Lune en quantité insuffisante pour s'en apercevoir sans matériel mais mise en évidence par les jumelles.
  La seconde surprise provient d'une impression de présence, de matérialité évidente et pas seulement en raison du grossissement (x7) somme toute assez modeste. D'ordinaire, par son éloignement, la Lune se présente aux yeux comme une tache dans le ciel, pas comme un globe. Avec un télescope, la tache grossi et affiche des détails à la manière de photos agrandies. Mais avec des jumelles, la vision devient binoculaire et de part l'écartement des lentilles frontales supérieur à celui des yeux, il s'agit de binoculaire augmenté. Cette vision en relief accru, utile en mer pour observer l'environnement maritime, se révèle dans le cas présent être un formidable outil pour appréhender notre satellite dans sa réalité toute en volume. C'est la première fois que je le vois ainsi et c'est marquant.
















Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire