lundi 23 mai 2016

jour 12

 

mardi 8 mars 2016

  Je me réveille à quai dans le port de Beyrouth. Ma mémoire est encore pleine des clichés lointains du Liban avec ses cèdres, son œcuménisme et puis la guerre accompagnée de ses images de destruction. Mais c'est une ruche bourdonnante qui se dévoile derrière une brume tenace avec son port très animé situé en pleine ville à l'image de celui de Gênes, ses gratte-ciels, sa frénésie de construction, sa circulation embouteillée sur ses voies rapides urbaines. Un peu à l'étroit entre une baie splendide et les montagnes qui l'entourent, cette ville de 350 000 habitants située dans une conurbation de 2 millions d'âmes étalée sur des kilomètres de côte, s'est densifiée au centre et part maintenant à la conquête des collines qui la surplombent. Une impression de grande modernité s'en dégage, avec des panneaux publicitaires gigantesques sur des pignons d'immeubles et de tours, et des mâts portant très haut des publicités lumineuses vidéo d'une dizaine de mètres de hauteur.
  Je regarde tout cela depuis la passerelle car je n'envisage pas de sortir. La ville m'a été présentée par les marins comme intéressante, surtout le quartier français (mais ça, c'est parce qu'ils savent que je suis français) mais aussi comme peu sure et le bateau devant appareiller dans la soirée à une heure indéterminée, je ne veux pas prendre le risque de me trouver coincé à terre pour avoir voulu visiter une ville somme toute très européenne et me priver ainsi du passage par le canal de Suez. Alors, je regarde les environs et le ciel. Ce ciel lumineux où le soleil, bien présent (il fait 23°C à l'ombre), apparait derrière un voile jaunâtre qui s'étend sur toute la ville et assez loin en mer. Ce n'est pas du sable en suspension dans l'air, non, car le vent très faible vient de la mer, c'est tout simplement de la pollution due à la ville et au port qui se trouve retenue par les montagnes environnantes.
  Côté mer, les eaux de la baie sont calmes. Des barques de pêche à l'image de nos pointus sillonnent la surface dans un air fortement iodé, tableau qui m'entraîne vers Porquerolles, théâtre de mon projet de roman.
  Après dîner, farfouillant dans les cales ou empilant sur le pont, quatre grues continuent inlassablement de nourrir le monstre, dans une chorégraphie soutenue par l'agitation lumineuse de la ville en arrière-plan. Je ne me lasse pas du spectacle et à  23 h 30, depuis les fenêtres de ma cabine, j'assiste au départ sans l'aide de remorqueurs, notre quai bordant directement la baie. Lentement, celui-là semble s'écarter du navire, puis les lumières de la ville sont bercées sur l'eau agitée par le sillage et, progressivement, l'ensemble de la baie se montre pour mieux s'estomper peu après dans la nuit. Vision forte si on s'accorde le temps nécessaire à la contemplation. Vision de départ, porteuse de regrets, de rêves et de découvertes à venir. Vision pour âme d'explorateur.















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